Vingt-trois personnes étaient présentes pour la visite guidée du musée. Après un accueil au cours duquel les deux guides nous ont présenté sa rénovation, deux groupes se sont formés. L’un d’entre eux voyait bientôt deux de nos adhérents retardataires perdues dans le musée le rejoindre. Chaque groupe a suivi un parcours différent pour découvrir les mêmes œuvres. Le musée est divisé en différentes thématiques. Nous nous sommes d'abord intéressés à l’origine humaine dans les Alpes, puis à l’habitat palafittique (habitations préhistoriques réparties autour des lacs et des marais de l'Arc alpin). Nous avons admiré le diptyque de Charlotte de Savoie (1472), épouse de Louis XI. Grâce à la présentation de la feuille du cadastre sarde, notre guide a évoqué sa conception, ainsi que la volonté politique qui l’a impulsée.
Le nécessaire de voyage de Charles-Albert nous a à peine permis d’imaginer la vie d’un puissant en déplacement. La partie consacrée à la population et à l’émigration a mis l’accent sur la réalité de l’émigration de nos territoires, mais aussi sur les nombreuses populations venues d’ailleurs qui s’y sont établies, même si la population voisine du Piémont a été la plus nombreuse.
L’immense maquette des deux départements permet de visualiser le relief, les voies, les stations, l’agriculture, etc. Et dans cette grande salle d’exposition, où les diables de Bessans côtoient les ustensiles de cuisine et les tenues de ski, nous avons abordé la cuisson des fidés et des crozets, premières pâtes alpines. Les maquettes des maisons d’alpage ont permis de recadrer la notion de chalet et d'appréhender le travail de Charlotte Perriand dans l’aménagement des stations de ski.
Dans l’ancienne chapelle où sont exposés des objets de croyance, un Saint-François-de-Sales et une boîte « à répit » ont retenu notre attention. Selon la croyance populaire en certaines provinces, mais aussi en Savoie, on retrouve des sanctuaires dédiés au répit, le plus souvent consacrés à la Vierge, dont l’intercession était nécessaire pour obtenir un miracle. En Tarentaise (Notre-Dame de la Vie à Saint-Martin-de-Belleville), à Bessans (Notre-Dame-des-Grâces) ou à Bramans (Notre-Dame-de-la-Délivrance), il était préparé le « répit » chez un enfant mort-né. Bien souvent organisé par un subterfuge, il suffisait qu'un membre du petit corps inerte bouge pour que l'on considère que la vie l'habitait encore. Cela était considéré comme un retour à la vie fugace, le temps de lui conférer le baptême avant sa mort définitive. Ayant été baptisé, l’enfant pouvait donc espérer entrer au paradis plutôt que d'errer éternellement dans les limbes, où il serait privé de la vision de Dieu, et être enterré dans une terre non consacrée, comme une bête. Les tenues médiévales des nobles, majestueuses, sont des reproductions de celles représentées dans les peintures de Cruet. Nous pensions que les costumes de Savoie étaient moins mobiles qu'il n'y paraît. La visite s'est terminée devant les peintures murales de Cruet, datant de la fin du XIIIe siècle, découvertes au château de la Rive.
Nous avons fait le tour d'un beau lieu et reçu des explications qui ne donnent qu’une envie : revenir. Puisqu’après ce survol, il faut approfondir : en savoir plus sur les populations, prendre son temps devant la maquette des deux départements, écouter l’histoire de Girard de Vienne… C'est très facile, puisque le musée est en centre-ville, aisément accessible et gratuit. Pour terminer, nous pouvons évoquer la famille Chiron, pastier depuis six générations, et proposer sa recette de fidés à la savoyarde :
Ingrédients (pour 3-4 personnes) : 350 g de fidés ou de gros vermicelles, 100 g d’oignons, 1 gousse d’ail, 100 g de beurre, 100 g d’emmenthal ou de Beaufort, 750 ml de bouillon de légumes, volaille ou bœuf, sel, poivre.
Préparation : Éplucher et émincer les oignons, les faire revenir doucement dans le beurre, à couvert au fond d’une cocotte jusqu’à devenir translucide et légèrement roux. Puis verser les fidés et faites-les roussir légèrement en les remuant de temps en temps. Incorporer l’ail épluché et pilé, puis le bouillon jusqu’à couvrir les fidés. Saler, poivrer et laisser cuire en ajoutant au besoin du bouillon comme pour un risotto en remuant régulièrement. Lorsque les vermicelles ont absorbé le bouillon, les servir dans un plat en y incorporant le fromage râpé gros. C’est prêt.
Il se peut que cette recette ne soit pas la vôtre… dans ce cas, partagez la vôtre avec nous.