L’affiche est belle : une jolie jeune fille dans un manteau de fourrure présente l’exposition Jules Daisay. En fait, la fille de Jules Daisay. Peut-être cela a-t-il incité les adhérents à visiter l’exposition : nous étions 26, joli chiffre pour une première.
Né en 1846, décédé en 1900, Jules Daisay est originaire de Barberaz. Il est repéré par Benoît Molin, professeur à l’Ecole des Beaux-Arts de Chambéry. Celui-ci l’incite à aller étudier à Paris. Après sa mobilisation à la guerre de 1870, il s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts en 1872. Sa passion se concentre sur des portraits, et non sur des paysages, des scènes d’histoire, de genre ou des natures mortes.
Il ne fait pas fortune dans la capitale, même après avoir exposé ses œuvres au Salon de Paris, et revient en 1880 à Chambéry comme professeur de dessin au Lycée. Il devient le peintre des notables chambériens. Ses portraits font partie de l’exposition. Ils sont un peu rigides et froids, mais reflètent bien le caractère de leurs personnages. A Chambéry, il peindra aussi des paysages. Et enverra de nouveau plusieurs fois des œuvres au salon de Paris, où elles seront exposées mais pas récompensées.
En 1881, il devient adjoint à Benoît Molin, directeur du Musée des Beaux-Arts. Et petit à petit, il fera beaucoup de gestes fondateurs pour le Musée. Particulièrement la création d’un véritable Musée des Beaux-Arts, impérativement exigé par le baron Hector Garriod, décédé en 1883 pour accueillir sa collection. Originellement, le bâtiment était une Halle aux Grains. Jules Daisay s’emploiera à sa transformation par l’architecte Francois Pelaz. Il sera surélevé. Le rez-de-chaussée accueillera les collections archéologiques et d’histoire au rez-de-chaussée. Le premier étage deviendra Bibliothèque jusqu’en 2012, quand elle déménagera à Curial. L’inauguration de cet immense bâtiment interviendra le 14 juillet 1889.
Jules Daisay a exécuté un travail considérable de1891 à 1896 : il a inventorié 9 000 objets que possède le Musée.
Jules Daisay négociera avec le Louvre deux angelots des collections du Musée, en échange des majoliques, céramiques italiennes du XVe siècle, deux tableaux, et une tapisserie. Il ira à Florence choisir trois cents œuvres appartenant à Hector Garriod, marchand d’art savoyard, qui seront le socle de la collection de peinture du Musée. Il achètera des œuvres d’artistes dont des contemporains comme François Cachoud ou Mars-Vallet. Il fera réaliser pour fêter le centenaire de la première annexion de la Savoie à la France en 1792 une sculpture de Marianne par Alexandre Falguière, qui sera vite dénommée ironiquement « La Sasson ».
Il succède en 1894 à Benoît Molin comme conservateur.
Il est le premier président de l’Union Artistique de Savoie, fondée en 1882, association toujours active (https://www.union-artistique-savoie.com/historique)
Il s’engage également dans la vie politique, sera un républicain convaincu, et élu à la Mairie de Chambéry.
Il meurt à 53 ans. A la fois peintre, conservateur, élu, sa vie aura marqué profondément la vie culturelle chambérienne, et grâce à lui, le Musée des Beaux-Arts se tient fièrement en face du Palais de Justice.
Tout notre groupe aurait encore écouté notre guide Dorine pendant un moment ; beaucoup ont trouvé l’heure un peu courte pour la visite. Et certains sont retournés sur leurs pas pour approfondir leur approche de l’exposition.
Le Musée des Beaux-Arts est vraiment un lieu accueillant. Depuis cette année, les collections permanentes sont accessibles gratuitement. Seules les expositions temporaires sont payantes. Et prendre le café ou le thé Chez Hector, au rez-de-chaussée, termine agréablement une visite.

