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BOURDEAU

GEOGRAPHIE

Bourdeau est implantée sur la rive ouest du lac du Bourget, sur les pentes jurassiques exposées à l'est et au soleil levant de la montagne du Chat. Les communes limitrophes sont au nord La Chapelle-du-Mont-du-Chat, au sud Le Bourget-du-Lac et à l'ouest Saint-Jean-de-Chevelu, sise de l'autre côté de la montagne.

La superficie de Bourdeau est de 483 hectares. L'altitude à la mairie est de 308 m, le point culminant étant la Dent du Chat, à 1390 m.

Le nombre d'habitants — ils s'appellent les Bourdelais — était de 436 au recensement de 1992. Ce chiffre augmente, bien entendu, à la saison touristique avec l'occupation des résidences secondaires et grâce au passage des estivants.

Le nom de la commune dérive du mot ancien « bordellis » qui signifiait «petite métairie » ce qui souligne le caractère agricole de la commune dès ses débuts.

Les activités de Bourdeau sont principalement tournées vers le tourisme. Au début du siècle, un projet de funiculaire est envisagé. Ce projet fit l'objet d'une délibération du conseil municipal du 10 mai 1903 : « Monsieur le Maire invite le conseil municipal à donner son avis sur l'avantage qu'il pourrait y avoir pour la commune à l'établissement d'un chemin de fer funiculaire reliant le port de Bourdeau au col du Chat.

Le conseil municipal donne un avis favorable.» Mais le projet ne fut jamais réalisé.

Aujourd'hui, il y a six hôtels ou restaurants et un traiteur. L'on y trouve aussi une poissonnerie et une entreprise de construction. Quelques habitants conservent en état les terres cultivables.

Une commune à part entière

Les registres de délibérations du conseil municipal laissent, heureusement, des traces indélébiles quant à l'histoire communale relativement récente. Il est une anecdote assez curieuse, tirée de ces registres, qui mérite d'être citée : sous la République, puis en 1813 et 1845, les autorités supérieures de l'Etat avaient successivement décidé que les petites communes seraient rattachées aux communes voisines plus populeuses. Mais la population de Bourdeau, contrainte de se voir rattachée à celle du Bourget-du-Lac, résista à cette décision et courageusement, trouva des arguments sans nombre pour défendre son indépendance. Les délibérations du conseil municipal concernant cette annexion éventuelle étaient très curieuses. Il a été écrit entre autres choses : « les mœurs, le caractère et même l'idiome de la commune sont (si) différents de ceux du Bourget...qu'en réunissant au Bourget la commune de Bourdeau, on porterait la perturbation parmi les habitants de celle-ci dont les mœurs encore pures ne pourraient que s'altérer au contact d'une population considérable, qui par sa position, est plus exposée à dégénérer de la vertu et de la bonne conduite de ses ancêtres...etc... » ...et tant d'autres prières qui firent que Bourdeau resta commune à part entière.

ECONOMIE

L'industrie de chaux et ciments du mont du Chat

L'industrie des chaux et ciments du mont du Chat a fonctionné de 1885 à 1947. Acquise à M. Allibert par la famille Rey, elle eut comme dernier directeur M. Rivolier dont beaucoup de Bourdelais se souviennent. Géologue, collectionneur avisé il posséda, le premier à Bourdeau, une automobile.

Elle comportait des installations importantes, réparties sur plusieurs sites :

  • des carrières reliées au col du Chat par une voie étroite longue de 400 m ;
  • une usine à Bourdeau avec ses 4 fours, de nombreux silos et des ouvrages nécessaires à la mouture de 6000 tonnes par an ;
  • 2 turbines qui assuraient assez de force hydraulique pour produire le courant électrique nécessaire au fonctionnement de l'usine, même en temps d'extrême sécheresse. Le moulin Micallaud, habitation du directeur, possédait l'électricité au début du siècle, contrairement au reste du village électrifié en 1925 ; l'une des turbines, placée dans l'usine même située à l'intersection des routes du tunnel et du col du Chat, recevait sous 40 m de chute l'eau d'un étang artificiel régulant l'eau du torrent de Gerle ; l'autre installée au bord du lac fonctionnait sous 70 m de chute grâce à un autre bassin de rétention ;
  • un chantier de moulages près d'Aix-les-Bains qui recevait la pierre concassée à Bourdeau et préalablement extraite au col du Chat. Cette pierre concassée était acheminée par un grand bateau à fond plat mû par deux voiles qui coula dans le lac.

La chaux provenait des carrières découvertes et le ciment des galeries creusées dans la montagne du Chat. Les matériaux étaient de bonne qualité et la fabrication très diversifiée comme l'indique un catalogue édité en 1901 : « constructions hygiéniques, murs creux, couche d'air intérieure... La maison se charge de l'exécution à pied d'œuvre, des moulages en pierre factice, sous-traite à MM. les entrepreneurs les travaux d'application sur façades, les conduites d'eau, bassins, dallages, etc ... et les garantit.»

Un service à trois chevaux approvisionnait ensuite la ville d'Aix où l'on trouve encore des balustres, encadrements... Des entrepôts existaient également à Chambéry, Yenne, La Motte-Servolex, Annecy.

La vigne

Incontestablement, Bourdeau et Bacchus sont étroitement liés. En effet, l'église de Bourdeau est placée sous le vocable de Saint-Vincent de Saragosse dont on célèbre la fête le 22 janvier. Ce saint, gloire de l'Eglise d'Espagne est souvent représenté, tenant à la main droite un raisin et une serpette rappelant que celui-ci a été choisi pour patronner les vignerons.

Il est de fait que la vigne a toujours tenu une place prépondérante dans la vie du village. Chaque ferme possède sa cave, son pressoir, ainsi que le vignoble nécessaire à la consommation familiale. Au siècle dernier, la vigne, faisant partie des ressources économiques, était plus prospère et couvrait davantage les terres pentues et graveleuses. On en trouvait même accrochée à la falaise, à flanc de montagne au-dessus du château. Les plants étaient essentiellement de la mondeuse, douce noire et du jacquère. Le gamay s'est imposé beaucoup plus tard. Il y avait aussi le « prin blanc » qui grimpait dans les noyers et qui était également vendangé. Le vin tiré de ces ceps fait toujours le plaisir des Bourdelais. Ils aiment à se rencontrer dans leurs caves lors de moments choisis afin de conver¬ser tout à leur aise dans une ambiance conviviale et sereine. Cette coutume fait partie de notre patrimoine tout comme les cabanons contribuent à l'histoire méridionale.

La pêche

Le village de Bourdeau, riverain du lac du Bourget, se devait d'être aussi un village de pêcheurs.

L'agriculture étant limitée par la situation géographique exiguë de la commune, nombre de foyers amélioraient leurs revenus par les produits de la pêche. Celle-ci, en des temps lointains, était pratiquée sur tout le lac, la réglementation en matière de droit de pêche étant inexistante. Le matériel était essentiellement constitué de sennes et de filets en coton. Ceux-ci, très fragiles, étaient étendus à sécher au soleil, sur les prés jadis entretenus du bord du lac. Les barques, alors plus grandes, étaient munies d'une (ou deux petites) voile de drap. Les produits de la pêche étaient vendus aux commerçants et hôteliers aixois.

Bien plus tard, le tourisme aidant, le poisson se vendra aux restaurateurs locaux. La pêche se fera plus intensive grâce au matériel de plus en plus performant (les filets notamment). Actuellement, c'est une profession para-agricole soumise à des règlements draconiens et qui ne peut plus être perpétuée par les descendants des pêcheurs. Seuls subsistent ceux qui ont associé à cette activité un commerce de poissonnerie ou de restauration.

LES SITES

Tout autour du lac l'accès à ce dernier s'effectue par des étendues plates plus ou moins importantes. Seule La Chapel-le-du-Mont-du-Chat en est coupée par une falaise d'une beauté sauvage, qui n'est praticable que par le seul sentier à flanc de montagne conduisant à l'abbaye d'Hautecombe.

Le village de Bourdeau, construit sur une moraine contiguë à la montagne, est séparé du lac — plus bas en moyenne de 40 m — par une falaise qui plonge jusqu'à une profondeur qui atteint rapidement 80 m. Mais cette falaise est traversée par des sentiers privés et une route, qui donnent accès à des criques naturelles, utilisées comme ports, la plus grande ayant donné lieu à la construction d'un port artificiel. Tous les ruisseaux qui descendent de la montagne traversent le village et alimentent de nombreuses fontaines. Ils convergent en quatre ou cinq petits cours d'eau qui se jettent en cascade dans le lac. Vue en barque, la côte est d'une rare qualité pittoresque.

Le lac, le port, la grotte de Lamartine, la Vanche

Jusque vers 1880, le village de Bourdeau, par le fait même de sa situation escarpée sur le lac, ne possédait pas de port. Les seuls moyens d'accéder à la rive étaient de courts sentiers tracés par les pêcheurs qui menaient à quelques petites criques naturelles bordées de prés jusqu'alors entretenus. Les pêcheurs y étendaient leurs filets de coton pour les faire sécher au soleil. Le propriétaire du château de l'époque, Alexis Gigot de Villefaigne, homme généreux, fit don d'une petite anse située au pied de sa demeure ainsi que du terrain attenant pour y installer le port actuel. Il donna aussi, à travers sa propriété, le terrain nécessaire à la construction du chemin d'accès. Cette jolie route bordée de buis serpente dans la verdure jusqu'au lac. Elle est maintenant piétonne et sert de promenade aux nombreux touristes venant déguster la friture du lac à Bourdeau.

La digue sud n'a été construite qu'en 1941 et l'ensemble protège très bien les embarcations contre les différents vents d'orage : la « traverse » qui vient de la montagne et la « bise » qui arrive du nord.

La pointe rocheuse, dominée par le majestueux château, au sud du port, protège celui-ci efficacement contre le vent du Midi lors de ses violentes sautes d'humeur.

Au centre de la plate-forme du port, existait jusqu'en 1992, un petit entrepôt construit en dur. Il servait à l'usine des chaux et ciments installée à Bourdeau quand elle transportait par bateau ses produits vers Aix-les-Bains. Un embarcadère scellé sur la digue nord complétait l'aménagement et était utilisé intensivement par les gros bateaux de promenade à une époque maintenant révolue où la navigation touristique sur le lac entre Aix-les-Bains, Hautecombe et Bourdeau était très importante.

Un peu avant le port, sur la gauche du dernier virage de la route d'accès, démarre un sentier qui court dans les buis. Il mène aux grottes naturelles dites « de Lamartine » à quelques dizaines de mètres plus au nord. Au bout du sentier quelques marches de jolies pierres permettent d'accéder à la rive. La légende veut qu'Alphonse de Lamartine soit venu méditer auprès de ces grottes et y rédiger quelques vers :

« Tout à coup des accents inconnus à la terre Du rivage charmé frappèrent les échos Le flot fut attentif et la voix qui m'est chère Laissa tomber ces mots...»

Le site est ravissant et l'esquisse d'une petite plage de graviers laisserait présager la présence de hauts fonds. Nenni. A quelques mètres de la rive, la plage s'enfuit rapidement vers le fond du lac.

Au-dessus de ces grottes, s'étend une terrasse naturelle assez vaste qui était jusqu'au début de notre siècle, plantée de vignes qui ont disparu et cédé la place au pré, puis aux taillis. C'est le plateau de la « Vanche ». Un magnifique cèdre règne et domine de son imposante hauteur les bois de charmilles et les genêts. Un sentier dit « sentier du Curé » se faufile parmi les taillis. C'est celui qui, cheminant à flanc de montagne, rejoint l'abbaye de Hautecombe. C'est cette sente qu'empruntait le curé de l'abbaye en des temps lointains pour rejoindre Bourdeau afin de baptiser les nouveaux nés ou enterrer les morts.

La voie romaine

Malgré sa position escarpée, en nid d'aigle, Bourdeau n'a jamais été isolé de la civilisation à cause de la proximité des voies de communication.

En effet, il faut citer sa voie romaine, contiguë au village, qui venant de Chambéry (Lemencum) pour rejoindre Yenne, franchissait le col du Chat à l'emplacement de l'actuelle RN 504. Il en existe encore un tronçon intact mais mal empierré et mappé sous le nom de « chemin des Romains » que l'on peut emprunter à la suite de quelques marches à droite de l'entrée du tunnel du Chat.

Le tracé initial de cette voie était celui de la route nationale jusqu'à l'entrée haute du village. Elle continuait ensuite sous le remblai de cette route pour remonter enfin vers le tunnel.

Le roc Blanc, le Mollard Noir, la Dent du Chat

La montagne aussi est parcourue sur toute la longueur de son arête sommitale par un sentier très usité. Il fait partie de nos jours des chemins de grandes randonnées sous l'appellation GR9 et relie l'Ain au Dauphiné. Il permet d'accéder, lors de son passage sur notre commune, au roc Blanc et à la Dent du Chat, deux pointes de rochers remar¬quables.

Le roc Blanc, tout d'abord; rocher menaçant qui domine Bourdeau doit son appellation à sa blancheur qui tranche dans la verdure de la montagne. Il culmine à 1 012 m et il est souvent confondu avec la Dent du Chat (1 390 m) qui, depuis notre village ne nous apparaît pas sous son plus bel angle. Celle-ci est implantée un peu plus au sud de la chaîne de l'Epine à côté du Mollard Noir (1 452 m), autre proéminence de la montagne plus élevée que la Dent du Chat.

Cet éperon rocheux qu'est la Dent du Chat doit son nom à une curieuse légende rapportée au chapitre Histoires et légendes.

La grotte à Charles Parin

Au-dessus du village, à mi- montagne, existe une grotte méconnue car difficile d'accès, qu'on nomme grotte à Parin.

Au début du siècle, un pauvre diable du nom de Charles Parin, recherché par les gendarmes pour un quelconque méfait, y a vécu en ermite quelques temps. Cette grotte assez imposante quant à sa taille, comporte en son fond supérieur, une autre cavité qui s'enfonce d'une vingtaine de mètres dans la montagne et qui est habitée par les chauves-souris.

URBANISATION

L'arrivée à Bourdeau se fait par les routes venant du Bourget. La plus récente longe le lac. Elle a été construite après la guerre de 39-45. La route du col du Chat reprend grossièrement les chemins ancestraux. La N504 doit sa percée à l'ouverture du tunnel du Chat.

Le tunnel du Chat

En 1825 comment aller de Chambéry à Yenne (vers la France) ? La route romaine n'existant plus, on décide en 1830, de s'attaquer à la montée vers le col du Chat. C'est l'époque où les dili¬gences empruntent une route tortueuse au flanc de la montagne. De France, arri¬vent des voyageurs désireux de se rendre en Savoie : la mère de Lamartine, Balzac, George Sand ...

Puis une délibération du conseil municipal du 13-08-1882 montre que le projet de percer la montagne prend corps : « Le maire expose que le conseil général dans une de ses dernières ses¬sions demande la percée du mont du Chat. Que par sa situation la commune de Bourdeau peut être grandement intéressée à cette percée. Le conseil municipal vote 2 000 francs pour concourir aux dépenses, mais il croit devoir faire observer que pour retirer des avantages quelque peu sérieux de la percée, il est impératif qu'elle soit faite non au tournant de la maison cantonnière, comme il est question, mais bien en face du château ».

En 1897, un projet de ligne de chemin de fer, reliant Chambéry à Saint-Genix en passant sous la montagne du Chat, est abandonné en raison du coût. Repris, il échoue, en raison de la guerre 1914-1918.

Et c'est enfin en 1929, qu'est prise l'importante décision de percer la montagne pour faire un tunnel routier sur la commune de Bourdeau.

Il est intéressant de retenir parmi les dates de la construction : le 28 avril 1929, début du percement à Bourdeau. En mai, début du percement côté Chevelu. C'est dans la nuit du 4 au 5 décembre 1929 que les mineurs font sauter le dernier bouchon livrant enfin le passage. Malheureusement, le 1er avril 1930, un accident de mine cause la mort d'un Bourdelais, Paul Piornet. En 1930 on élargit la chaussée, en 1931 on installe l'éclairage, en 1932 on exécute les revêtements en maçonnerie et en tôle, et en fin d'année on livre à la circulation une belle voie large de 8 mètres et longue de 1,485 km. En juillet 1933, l'inauguration officielle se déroule sous la présidence du sénateur Maurice Mollard.

Le village

Quand on arrive du Bourget par la D 13 on trouve d'abord des constructions modernes implantées sur des terrains autrefois cultivables.

La ferme Micalod et son moulin sont les premières maisons anciennes que l'on rencontre. A partir de là, il est possible soit de continuer vers le Bourdeau ancien, situé sur le méplat de la falaise la plus proche du lac, soit de monter vers le hameau "des Bégets", assis lui sur un renforcement plus élevé. Le village ancien a été construit de la ferme jusqu'au château sur la rive est d'un ruisseau à moitié enterré maintenant qui traverse la commune et va se jeter dans le lac sous le château. Il comptait une dizaine de maisons et granges.

L'église est fort jolie avec son cimetière qui l'entoure. Le point terminal est le château majestueusement implanté sur un site à la vue exceptionnelle qui domine le port et ses deux jetées.

Le ruisseau dont nous avons parlé coule en avant de la falaise sur laquelle se trouve le bourg, dans une zone autrefois marécageuse et sur laquelle depuis la guerre se sont implantées des constructions neuves dont la nouvelle mairie.

Le hameau « des Bégets », conserve quelques maisons du siècle dernier, à côté de quelques nouvelles constructions La vue sur le bourg et le lac est vertigineuse depuis certaines bâtisses. Le fleurissement de ce hameau est toujours par-ticulièrement réussi.

Les noms locaux sont soit très anciens comme « Les Bégets », soit poétiques comme les « Champs cachés ».

L'ensemble RN 504 - route du col, coupe la commune en deux. Seules quelques maisons se sont implantées depuis la guerre entre la route et les premières forêts de la montagne qui vont jusqu'à la ligne de crête. La végétation est très variée : chênes, tilleuls, fayards, buis... Les cartes postales anciennes montrent que la végétation, sur le flanc de la montagne était beaucoup moins fournie que maintenant. L'explication que donnent les anciens de cet état est la suivante : jusqu'à la guerre, nous exploitions les bois pour faire la cuisine, nous chauffer et en vendre aux Chambériens.

EDIFICES RELIGIEUX

L'église, la maison curiale, le cimetière

L'église est au centre du cimetière. Dans l'allée du cimetière, à mi-chemin entre le portail et le porche de l'église, une croix de pierre ne comporte ni date, ni inscription.

A gauche en entrant, le tombeau de la famille Alexis Gigot de Villefaigne porte une épitaphe gravée sur une pierre surmontée d'une croix :

Quand le dernier sommeil aura clos ma paupière
Gardez mes chers enfants, gardez mon souvenir !
Qu'il soit au fond des cœurs, mais dans le cimetière
A la terre, laissez ma cendre revenir,
Sans un signe marquant cette infime poussière.
Je ne veux qu'une croix symbole du chrétien,
N'écrivez pas de nom sur ce qui n'est plus rien.

Sur le côté gauche de l'église, une porte donne dans le cimetière. Elle sert d'accès à un bâtiment adossé au nord de l'église. Ce fut à l'origine la maison curiale. Bourdeau, paroisse à part entière souhaitait aussi un prêtre résidant. On trouve plusieurs demandes à ce sujet émanant des paroissiens et du conseil municipal. Mais le prêtre étant toujours le curé des paroisses de Saint-Laurent du Bourget-du-Lac et de Saint-Vincent de Bourdeau, le bâtiment disponible fut successivement utilisé comme salle de tribunal (le juge Chevallay y tint audiences et assises), manufacture de pointes, et comme salle de classe. C'est là que fut installée la première école de Bourdeau jusqu'à son transfert en 1880 dans un nouveau bâtiment « la maison d'école ».

Le chœur de l'église, bâti par la famille de Seyssel, doit dater du début du 15e siècle. La nef fut construite en 1661 par la famille de Livron. Cette dernière succéda à la famille de Seyssel, Louis de Livron ayant épousé Jeanne de Seyssel. Il faut noter qu'au décès du sieur de Livron — en signe de deuil et conformément au droit de litre — on peignit tout autour de la nef une bande noire. Elle est encore visible sous le porche de l'église, ce qui est très rare en raison des démolitions de 1793 et des regrettables restaurations de notre siècle dont les édifices religieux eurent souvent à pâtir.

Au sujet du droit de litre, on sait qu'il fit l'objet d'une jurisprudence féodale devant le sénat de Savoie. En 1782, messire Jean Honoré, marquis de Piolens (Provence), comte et seigneur du mandement de Montbel en Savoie, perd son épouse — dame Marie-Josephte-Etienne de Cluny — au château d'Epine. Pour rendre hommage à la défunte, il ordonne d'entourer toutes les églises de sa juridiction d'une litre. Quelques habitants de Saint-Alban-de-Montbel y firent opposition et menacèrent d'user de violence contre quiconque voudrait faire placer ce signe de deuil. Le seigneur s'adresse alors au sénat par une requête et le substitut Salteur appelé à donner son avis, conclut ainsi : « la requête du seigneur suppliant présente une question intéressante à examiner : un seigneur peut-il faire partager à sa femme tous les droits honorifiques dont il jouit comme possesseur d'un fief ? Si au lieu de recourir aux autorités, on cherchait à résoudre cette question par le seul raisonnement, il paraît qu'on ne pourrait guère leur accorder ce droit...».

Saint Vincent de Saragosse (patron des vignerons) est le patron de la paroisse de Bourdeau. Instruit dans les sciences profanes et sacrées par Valère, évêque de Saragosse, il est ordonné diacre. Le gouverneur de Valence appelle Valère et Vincent à venir le rejoindre puis il bannit l'évêque très âgé et soumet Vincent à la torture. Le corps disloqué, brûlé, il est jeté en prison où il meurt en 304. Son culte très ancien se répand hors d'Espagne et en particulier en France où de nombreuses églises portent son nom.

Le clocher actuel de l'église a été refait. Le précédent était couvert en zinc, antérieurement il aurait même été en bois. La cloche est datée de 1703.

Sous le porche, une vaste pierre plate sert de seuil. Elle pourrait provenir d'un ancien autel, car on y distingue la marque du tabernacle. Au-dessus de la porte, on trouve des inscriptions martelées sous la Révolution.

A l'intérieur, à droite et à gauche, sur chaque pilier, de même qu'en clé de voûte, on distingue les armoiries de la famille de Livron mises à nu à l'occasion de travaux de rénovation de l'égli¬se effectués en 1975. Le chœur est éclairé de vitraux, réalisés en 1972 par J.P. Delbergue de Saint-Baldoph. L'allée centrale est pavée de pierres plates et à gauche de l'entrée, une plaque mortuaire à la mémoire des Bourdelais tués à la guerre de 14/18 est gravée d'un texte :

Donnez-leur Seigneur
Le repos éternel
La paroisse de Bourdeau
reconnaissante

précédé de trois noms : Claude Brun, Pierre Pasquier, Rd J.P. Buet, curé de Bourdeau.

A côté, le bénitier et le baptistère : le dessous vient de Bourdeau, le dessus a été rapporté.Dans le chœur à gauche, il y a une croix de procession ainsi que la statue de saint Vincent de Sarragosse, et à droite une Vierge à l'enfant en bois, articulée. Cette très belle statue a été offerte par M. Alexis Gigot de Villefaigne, propriétaire du château de Bourdeau. Il l'avait rapportée de Russie où pendant plus de vingt ans il avait exercé la profession d'orfèvre à Saint-Pétersbourg.

Les boiseries du chœur proviennent du démontage de l'ancien autel. A côté il y a trois panneaux sculptés représentant le pain, le vin et l'agneau. L'un d'eux est monté en porte. L'autel est composé d'une pierre apportée de Yenne et de deux supports circulaires trouvés dans l'église de Bourdeau. Le sol du chœur est recouvert de tomettes. Une table de communion en noyer sépare le chœur de la nef. Dans la nef se trouve un tableau non signé, représentant l'Adoration des mages. C'est une bonne peinture de l'école italienne appréciée par les connaisseurs. Dans la sacristie, un prie-Dieu et un Christ en croix ont appartenu au chanoine Paul Micalod, ordonné en 1923, professeur à Rumilly et inhumé à Bourdeau en 1986.

Le calvaire du Grand Chemin

Ce calvaire est situé à l'intersection de la route départementale 13 avec la D14 E ou chemin des Grandes-Eaux.
Il est composé de trois éléments distincts :

  • un socle de pierre carré
  • trois pierres superposées
  • une croix de fer forgé.

Aucune inscription n'est visible.

La croix de la Rivine

Installée au bord de la route communale qui monte au hameau des Bégets lors d'une mission en 1929, la croix a été restaurée en juin 1989. A cet effet, M. Richard, maire du Bourget a fourni le bois — un « pontet » (Pontet : bois de forte section destiné à maintenir les tonneaux dans les caves) en châtaignier récupéré dans sa cave — M. Gustin retraité de l'O.N.F l'a confectionnée et fixée sur un socle fait d'un ancien baptistère.

EDIFICES CIVILS PUBLICS, LAVOIRS ET FONTAINES

La maison d'école ou ancienne mairie-école

A l'entrée du bourg, sur le côté gauche de la RD 13, un bâtiment aux murs de pierres apparentes, aux volets de bois est jouxté d'un préau : c'est l'ancienne mairie-école.

Depuis la construction en 1970 d'un bâtiment beaucoup plus vaste et fonctionnel pour abriter au rez-de-chaussée deux salles de classe et au premier étage la mairie et le logement de la directrice, l'ancienne mairie-école a été restaurée et convertie en un coquet bâtiment avec salle de réunion au rez-de-chaussée, dans l'ancienne salle de classe. A l'étage, l'unique pièce servant autrefois de mai¬rie ainsi que le logement contigu qu'habitait l'institutrice ont été aménagés en appartement communal. La cour de récréation est devenue un jardinet.
Cette maison maintenant agréable fut jadis l'objet de nombreuses délibérations du conseil municipal faisant état des indispensables améliorations à apporter.

Délibérations du 11/10/1863 : «...l'instituteur est complètement privé de logement attendu que jusqu'à ce jour il n'en a pas eu d'autre que la salle d'école même... nécessité absolue de faire l'achat d'un poêle devant servir à chauffer la salle de classe pendant la mauvaise saison attendu que celui qui existe actuellement est tellement détérioré qu'il ne peut plus être utilisé ».

Du 8/08/1875 : « Le conseil municipal considérant que le bout de bois que les écoliers apportent tous les jours en venant à l'école n'est pas suffisant pour le chauffage de la classe propose d'allouer à cette fin cinquante fascines...»

Du 25/05/1884 : « la maison d'école est très incommode et d'un entretien très coûteux par suite de la mauvaise disposition et de la mauvaise exécution des travaux intérieurs.»

Le four banal et le lavoir de la Rivine

Autrefois indispensables, les fours ne sont plus en activité, sauf occasionnellement. Il faut donc saluer la démarche du village qui œuvre à sauvegarder son four en l'entretenant. A l'occasion de fêtes ou tout simplement pour le plaisir de se retrouver autour du fournil, on lui redonne ainsi sa raison d'être : fonctionner. Il s'agit ici d'un petit édifice avec fournil ouvert et banquette pour le dépôt des « paillats » (Paillats : paniers dans lesquels on met le pain à lever avant de l'enfourner). Le four est contigu au lavoir communal.

« La lessive, c'était un événement. On la faisait tous les six mois ! Les draps, les grosses chemises en toile, le linge de maison étaient placés dans un grand cuvier après avoir été savonnés. On arrosait pendant la moitié de la nuit avec le "lissieu" (lissieu : eau de lessive, le linge ayant bouilli avec de la cendre de bois récupérée dans l'âtre. On utilisait la cendre provenant des bois blancs, exclusivement). On le retirait par le bas du cuvier et on le faisait réchauffer dans de grandes marmites. Après on le versait sur le linge avec une grande casserole. Quand on avait sorti le linge et qu'on l'avait frotté à nouveau, il fallait le rincer au lavoir... à l'eau froide. »

Les fontaines

Elles sont très semblables, composées d'un bassin en ciment moulé et d'une borne souvent agrémentée de nervures et surmontée d'une boule ou autre moulage provenant de l'usine de chaux et ciments du mont du Chat.

L'eau y coule en permanence, grâce à l'ancienne conduite « la vieille eau » qui approvisionnait jadis le village en eau potable. Cette eau provient des ruisseaux qui descendent de la montagne, serpentent dans le village avant de converger en cinq ou six petits cours et se jeter en cascade dans le lac.

Ce sont les fontaines du Grand Chemin ou « chez Micallaud », de la Rivine ou « chez Marie-Louise », du chef-lieu ou « chez Jojo », de la route du château, des Steppes ou « chez Milan », de « chez Béget ».
Entre les restaurants Béget et de la Terrasse, à l'ombre d'un tilleul, l'eau coule en permanence dans un bassin de rocaille.

EDIFICES CIVILS PRIVES

Le château

Le château est dans le prolongement du bourg à droite de la route piétonne qui descend au port. Il se dresse au pied du mont du Chat et surplombe de plus de 80 mètres la rive occidentale du lac. Site inscrit.

De nos jours, il se présente comme un haut logis rectangulaire muni aux angles de poivrières et bien assis sur le rocher abrupt qui lui a toujours servi de base. Il surplombe presque à pic le lac du Bourget.

Le site de Bourdeau est certainement un lieu d'occupation ancienne, mais rien ne permet de produire des données antérieures à l'apparition du château, dont les premiers possesseurs connus sont les seigneurs de Seyssel, une des plus anciennes familles de Savoie.

En 1263 le château appartient à Humbert de Seyssel, en 1354 à Aymard de Seyssel, en 1570 à Jeanne de Seyssel qui épouse Louis de Livron. Ce dernier à sa mort en 1671 lègue le château au collège des jésuites de Chambéry mais les révérends pères le vendent en 1688 à Philibert Sallier de la Tour de Cordon, ambassadeur, puis ministre d'Etat auprès du duc de Savoie Charles-Emmanuel IL Au décès de Philibert en 1710 un inventaire manuscrit montre un domaine en mauvais état : les murailles sont en partie abattues et il ne reste que la grande porte, la chapelle subsiste dans l'enceinte du château (une chapelle seigneuriale est signalée à Bourdeau de 1493 à 1673). Couvert à neuf et fenêtres refaites, on a assuré le clos et le couvert. Les communs comportent une écurie, une scierie, une cave, un foulon et un grenier à foin. La cour est recouverte de pierres. Sept des neuf chambres ont une voûte effondrée et sont remplies de tuf et de marin (!). Le mobilier est vieux et mal entretenu car la marquise de Cordon loge à Chambéry ou au château de Tournon dans un décor très soigné et au goût du jour. Un fermier châtelain loge au château : M. Marthoz.

Le dernier possesseur du fief de Bourdeau est Victor-Amédée Sallier de la Tour de Cordon, qui émigré en 1793. Pendant la Révolution le château subit beaucoup de mutilations : le 30 mars 1794 ses quatre tours sont abattues, mais heureusement le corps de bâtiment ne l'est pas. Les tourelles et les murs d'en¬ceinte sont détruits à leur tour, les fossés comblés, les herses brisées, le donjon est délabré. C'est une forteresse en bien piteux état qui est vendue comme bien national le 3 avril 1800 à Jean-Baptiste Viviand de Chambéry. Celui-ci achève la démolition pour vendre les pierres à l'entreprise chargée de l'édification de la nouvelle église du village. En 1810, ses héritiers cèdent ce qui subsiste à un avo¬cat, Antoine Métrai, qui effectue des réparations sommaires. Ses héritiers s'en défont en 1850 en faveur de M. Joseph Girod, magistrat, qui entreprend une restauration méthodique, lui restituant en partie son aspect ancien. Il fait appel à Pellegrini, architecte du palais de justi¬ce de Chambéry et du casino d'Aix-les-Bains. Il rétablit les créneaux, mâchicoulis ainsi que les tourelles en encorbellement et l'entoure d'un magnifique jardin anglais.

En 1863, il sert de cadre au roman de George Sand Mademoiselle La Quintinie.

En 1880 il est vendu à M. Gigot de Villefaigne dont la famille possède enco¬re le château.

Signalons pour la petite histoire — au début de notre siècle — la visite de Georges Clemenceau au château de Bourdeau. Celui-ci et M. Gigot de Villefaigne s'étaient connus à Paris lors de la période agitée de la Commune.

Le moulin et la maison-four Micallaud

Le cadastre de 1729 et le livre « terrier » ou de « géométrie » mentionnent qu'à cette époque Bourdeau possédait plusieurs maisons-fours. Ici le four — en parfait état de fonctionnement — est placé dans la maison même, à l'arrière de la cuisine, dans la partie la plus ancienne du bâtiment. Au rez-de-chaussée on trouve dans le prolongement de la cuisine plusieurs salles séparées par d'épais murs de pierres. Les nombreux et divers outils conservés dans le bâtiment (rabots, scies, compas, fléaux, hotte casse-cou...) démontrent semble-t-il que ces pièces servaient d'atelier, d'étable, de grange à foin...

Par un escalier de bois, placé à l'intérieur, on accède à l'étage dans un couloir quelque peu monastique. Il dessert une suite de chambres elles aussi séparées par des murs épais et fermées par des portes massives en noyer.

Bourdeau possédait aussi ses moulins. En 1728, il y avait, semble-t-il 4 grands moulins. Au moulin Micalod situé à côté de la maison-four, on peut voir dans la cour devant le bâtiment, la pierre circulaire qui servait à écraser les cerneaux. Ceux-ci étaient ensuite chauffés et pressés pour en extraire l'huile. Ici on faisait principalement de l'huile de noix.

Dans cette pierre, tournait une autre pierre conique, actionnée par une roue à aubes utilisant l'eau du ruisseau comme force motrice. La chute d'eau est encore visible au nord de la maison.

L'ancienne scierie de la « Reisse »

Le ruisseau qui partant de la montagne aux prés de l'Achat va se jeter dans le lac au pied du château — au fait, pourquoi ce cours d'eau n'a-t-il pas de nom propre ? — a depuis fort longtemps été utilisé soit comme source d'énergie par des moulins, une scierie, la Reisse, soit comme moyen de travail en raison sans doute de la qualité de son eau (beaucoup se souviennent encore aujourd'hui d'y avoir péché des écrevisses).

Les maisons blanches

D'après certains textes, une papeterie était installée dans les maisons blanches, situées à gauche de la RD 13 peu avant l'entrée du château. Maître Pierre Mailland dans son livre sur l'histoire de Bourdeau indique que les deux maisons actuelles ont été construites en 1810 par Novel.

A quelle date la papeterie a t-elle été abandonnée ? Sans doute en deux étapes.

A l'origine, les deux maisons comportaient, semble-t-il, l'équipement nécessaire au fonctionnement d'une fabrique de papier. En effet, sur le cadastre établi en 1863 à la suite du rattachement de la Savoie à la France, ces deux maisons sont notées, le tracé du ruisseau étant différent de l'actuel car il venait entraîner dans chaque maison une roue. Les ouvertures — ce ne sont pas des fenêtres — qui se tenaient sous le toit étaient bien des ouvertures d'aération pour le séchage des papiers. On en voit encore sur les anciennes cartes postales représentant les bâtiments.

Puis l'acte d'achat par M. Gigot de Villefaigne aux héritiers Mailland daté du 27 janvier 1896 mentionne un bâtiment d'habitation et un bâtiment d'exploitation d'une fabrique de papier.

Les bâtiments sont alors devenus l'un la maison Bleue, maison d'habitation, l'autre, une dépendance agricole du château et ce jusqu'à leur achat en 1963 par M. Volland qui les transforme toutes les deux en maisons d'habitation.

Notons qu'antérieurement à la construction de la fabrique de papier en 1810, l'emplacement, en 1728-30, comportait quatre forges, deux martinets et quatre meules à l'aide desquels on forgeait des épées d'une grande renommée. Montaigne, dans son journal d'un voyage en Italie en 1581 écrit « Bordeau où se font des épées de grand bruit ».

HISTOIRE ET LEGENDES

La peste, les envahisseurs, le gibet

Au fil des siècles et de ces époques loin¬taines, il s'est colporté de nombreux contes et légendes. Les maladies bien sûr étaient fréquentes et graves. Bourdeau n'a pas été épargné. La peste noire en 1348 y a fait des ravages. Le cimetière des pestiférés était, paraît-il, situé en face du château, à flanc de montagne, au sommet de la vigne dont il subsiste encore des terrasses et quelques plants sauvages. Une maladrerie y aurait été construite attenante au cimetière.

Plus récemment, en 1829, Bourdeau fut atteint d'une mortalité cruelle. Les registres de l'état civil attestent que 21 personnes moururent en quelques jours. Les tintements lugubres de la cloche et la rumeur publique qui grossit toute chose, firent croire que la mort avait fait table rase de la commune de Bourdeau. A cette nouvelle, une colonie des habitants de Tresserve franchit le lac et se précipi¬te sur le territoire de Bourdeau pour s'en emparer de par le simple droit d'occupa¬tion. Mais il restait au village une jeu¬nesse encore vigoureuse qui repoussa les envahisseurs dans le lac.

De nos jours, lors de fouilles et travaux de terrassement, il a été retrouvé des ossements et un squelette entier confirmant l'existence de ces maladies terrifiantes qui obligeaient à enterrer les morts çà et là, rapidement.

En ces temps moyenâgeux, il n'y a pas que la maladie qui entraînait la mort, le gibet aussi. Le village de Bourdeau, comme chaque châtellenie à cette époque, possédait ses fourches patibulaires. Celles-ci étaient placées à l'extrémité sud du territoire de la commune, sur la voie romaine. Il était en effet d'usage de placer cet affreux appareil près des grands chemins, pour porter au loin l'épouvante. Au siècle dernier, une longue chaîne et une poulie trouvées en ces lieux ont été considérées comme ayant appartenu à la potence.

Les fourches patibulaires de Charpignat ont servi entre autres, au supplice que l'on faisait subir aux sorciers. Ils y étaient brûlés vifs. Bourdeau, comme beaucoup d'autres localités, a eu ses sorciers. Les anciens procès-verbaux des visites pastorales (archives de l'évêché de Grenoble) en font état. D'ailleurs, une tradition pittoresque veut qu'un certain jour, douze sorciers de « Bordeau » se rendirent à Aix par le lac du Bourget, sur une feuille de buis en guise de bateau.

La fosse commune

Même la guerre a laissé son triste souvenir à Bourdeau. En 1815, pendant les Cent Jours, l'année de Waterloo, l'armée française avait construit des retran¬chements au-dessus du village, au début de l'actuelle route du col. Le 6 juillet de la même année, au terme d'une bataille, une colonne de l'armée autrichienne guidée par le chevalier Télémaque de Costa, s'en empara. Le lieu-dit s'appelle maintenant La Fosse.

La légende veut que cette dénomination dérive de la fosse commune dans laquelle auraient été enterrés les morts des deux camps.

La Dent du Chat

« Un jour, un misérable pêcheur ramena dans ses filets un petit chaton tout mouillé. Fort étonné, il rentra au port avec l'animal. Le chaton devint chat, puis continua à grandir et se transforma en une bête terrifiante qui quitta un matin la maison du pêcheur et s'installa dans la montagne qu'on appelait alors mont du Lac. Il devint la hantise de tout le voisinage. On n'osait plus s'aventurer au col car l'animal, assis sur un piton rocheux, guettait les voyageurs.

C'est un soldat, qui un jour, en rentrant de permission, déchargea son fusil sur l'horrible animal. Dans un bruit qui fit trembler la région, le chat alla s'engloutir dans les eaux du lac.

Lorsque les eaux du lac du Bourget ont des colères subites, c'est le chat qui se hérisse en leurs profondeurs ».

Une autre légende voudrait que ce soit deux compagnons du roi Arthur, des chevaliers de la Table ronde, qui délivrèrent le pays de ce monstre.

Une réalisation WATOOWEB

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